La science de la relation des hadîth (‘ilm ur-riwâya) prend ses racines dans le Coran et la Sunna. Ainsi Dieu dit : « Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair ». On retrouve dans la Sunna cette parole prophétique : « Qu’Allah réjouisse l’homme qui entend quelque chose de notre part, et qui le transmet tel qu’il l’a entendu. Peut-être que celui à qui il est transmis est plus compréhensif que celui qui l’a entendu ».
De ce verset du Coran et de ce hadîth vient le principe de la vérification avant d’accepter une information (en l’occurrence un hadîth), ainsi que le devoir de transmettre correctement le hadîth.
C’est donc en application de l’ordre de Dieu et de son Prophète (sur lui soit la paix) que les compagnons (que Dieu les agrée) étaient méticuleux dans l’acceptation des hadîth qui leur était communiqués et dans leur transmission. Cela surtout lorsqu’ils doutaient de l’honnêteté de celui qui le leur rapportait. De là était né la chaîne de transmission (Isnâd) et son rôle important dans la décision d’acceptation ou non d’un hadîth.
Dans (le recueil de hadîth)Muslim, la parole de Ibn Sîrîn est rapportée comme suit : « Ils ne posaient pas de questions sur les chaînes de narration. Mais lorsque la Fitnah se produisit, ils se mirent à dire : « Nommez-nous vos hommes ». Ainsi, Ahl us-Sunnah étaient considérés, et leurs hadîth étaient alors acceptés ; et Ahl ul-Bi’dah étaient considérés, et leurs hadîth n’étaient pas acceptés ».
Le hadîth n’était donc plus accepté si ce n’est qu’après avoir pris connaissance de la chaîne de transmission y correspondante. Le ‘ilm ul-djarh wat-ta’dîl était né. C’est-à-dire la critique des rapporteurs de hadîth, la connaissance du sanad muttasil ou munqati’, la connaissance des ‘ilal khafiyya. Mais dans un premier temps, il n’y avait pas beaucoup de rouwât madjroûhoûn (rejetés).
Ensuite les recherches se sont approfondies concernant la bonne transmission des mots du hadîth, de la situation spécifique dans laquelle le râwi a entendu le hadîth ainsi que les modalités de transmission dudit hadîth, la distinction entre les hadîth abrogés et abrogeants (nâsikh), etc.
Par contre, tout cela, les savants se le transmettaient oralement dans un premier temps, puis par la suite ils ont commencé à le mettre à l’écrit, mais à divers endroits sans y dédier un livre tout entier. On retrouvait donc des écrits concernant le ‘ilm ul-hadîth dans des livres qui traitaient de ‘ilm ul-usûl ou de ‘ilm ul-fiqh comme : « Kitâb ur-risâla » et « Kitâb ul-Umm » de l’imâm Ash-Shâfi’î.
Ce n’est que par la suite, au cours du quatrième siècle de l’hégire, que les savants ont dédié des livres entiers indépendants au ‘ilm ul-hadîth. Et le premier à l’avoir fait est Al-Hasan Ar-Râmahourmouzî (décédé en l’an 360H), dont le livre s’appelle : « Al Muhaddith ul-Fâcil baynar-râwi wal-wâ’î ».
Ci-après une liste des plus célèbres écrits concernant le ‘ilm ul-hadîth :
1. « Al Muhaddith ul-Fâcil baynar-râwi wal-wâ’î »
2. « Ma’rifatu ‘ulûm il-hadîth » de Al-Hâkim an-Nîsâboûrî (décédé en l’an 405H)
3. « Al-Mustakhraj ‘alâ ma’rifati ‘ulûm il-hadîth » de Abû Nu’aïm al-Asbahânî (décédé en l’an 430H)
4. « Al Kifâya fî ‘ilm ir-riwâya » de Al Khatîb al-Baghdâdi (décédé en l’an 463H)
5. « Al djâmi’ li akhlâq ir-râwi wa âdâb is-sâmi’ » de Al Khatîb al-Baghdâdi
6. الإلماع إلى معرفة أصول الرواية وتقييد السماع de Al-Qâdi ‘Iyâd (décédé en l’an 544H)
7. ما لا يسع المحدث جهله de عمر بن عبد المجيد الميانجي (décédé en l’an 580H)
8. علوم الحديث de Ibn us-Salâh (décédé en l’an 643H)
9. التقريب والتيسير لمعرفة سنن البشير النذير de An-Nawawî (décédé en l’an 676H)
10. تدريب الراوي في شرح تقريب النواوي de As-Suyûtî (décédé en l’an 911H)
11. نظم الدرر في علم الأثر de Al-‘irâqî (décédé en l’an 806H)
12. فتح المغيث في شرح ألفية الحديث de As-Sakhâwî (décédé en l’an 902H)
13. نخبة الفكر في مصطلح أهل الأثر de Ibn Hajar (décédé en l’an 902H)
14. المنظومة البيقونية de ‘Umar ibn Muhammad al-Bayqûnî (décédé en l’an 1080H)
15. قواعد التحديث de Muhammad Djamâl ud-Dîn al-Qâsimî (décédé en l’an 1332H)
Source : تيسير مصطلح الحديث de محمود الطحان
Wallâhu A’lam (Dieu sait mieux)