1- Définition de mutawâtir :
A. Littéralement : il est dérivé du mot « tawâtur » qui signifie « la succession ». Par exemple, « tawâtara al-matar » signifie : les épisodes de pluis se succèdent.
B. Istilâhan : ce qui a été relaté par un tel nombre de gens qu’il est impossible qu’ils se soient rassemblés pour inventer, mentir.
En d’autres termes : c’est le hadîth ou khabar qui est rapporté par un nombre très conséquent de gens à chaque époque (tabaqa), mais un tel nombre de gens qu’il est jugé impossible qu’ils se soient mis d’accord pour inventer ce khabar.
2- Ses conditions :
Les conditions pour qu’un khabar soit considéré mutawâtir sont au nombre de quatre. Les voici :
A. Qu’il soit rapporté par un nombre conséquent de gens.
Il y a divergence quant au nombre minimum de rapporteurs (ruwât). Mais l’avis qui semble le plus correct est que ce nombre doit être au minimum de 10.
B. Que ce soit dans toutes les époques (tabaqât) du sanad qu’il y a ce nombre conséquent de rapporteurs.
C. Qu’il soit impossible qu’ils se soient entendu pour mentir et inventer le khabar.
D. Que leur information soit basée sur le hiss. Par exemple : s’ils disent : « nous avons entendu », ou « nous avons vu », ou « nous avons touché », etc. Par opposition à une information basée sur le ‘aql. Par exemple : être d’avis que l’univers a commencé à exister à un moment donné, ce n’est pas un khabar dont on dira qu’il est mutawâtir.
3- Son hukm :
Le khabar mutawâtir confère une certitude quant à l’information qui est transmise (al ‘ilm ad-dharûrî). On le considère comme vrai, et on y croît, tout comme quelqu’un qui voit une chose de ses propres yeux croît en sa réalité. Donc tout khabar mutawâtir est accepté, et nul besoin d’étudier la fiabilité de ses ruwât.
4- Ses types :
Il y a deux types de khabar mutawâtir : lafzî, et ma’nawî.
A. Le mutawâtir lafzî : c’est celui dont les mots et le sens sont mutawâtir.
Exemple : le hadîth « Celui qui ment délibérément à mon sujet, qu’il prenne sa place en Enfer ». À l’époque (tabaqa) des compagnons, il a été rapporté par plus de 70 compagnons. Et aux tabaqât suivantes, il y avait toujours autant de ruwât voire ils étaient plus nombreux.
B. Le mutawâtir ma’nawî : c’est celui dont le sens seulement (pas les mots, donc) est mutawâtir.
Exemple : il a été rapporté du prophète (que Dieu le salue et le bénisse) une centaine de hadîth qu’il a levé ses deux mains lors de l’invocation (du’â). Mais ce ne sont pas 100 hadîths qui parlent de la même invocation. Donc les mots de ces hadîths ne sont pas mutawâtir, parcontre le sens – lever ses mains lors de l’invocation – lui est bien mutawâtir.
5- Son nombre :
Il existe beaucoup de hadîth mutawâtir, comme la hadîth concernant le hawdh, le mash sur les khouff, le fait de lever la main lors du changement de position durant la salât, etc.
Parcontre les hadîth mutawâtir sont relativement peu nombreux comparé aux Khabar Âhâd.
6- Les écrits les plus célèbres sur le hadîth mutawâtir :
Les savants ont compilé les hadîth mutawâtir dans des livres dédiés, pour que ce soit plus facile de s’y référer. Parmi ces compilations il y a :
A. الأزهار المتناثرة في الأخبار المتواترة de As-Suyûtî
B. قطف الأزهار de As-Suyûtî
C. نظم المتناثر من الحديث المتواتر de Muhammad ibn Dja’far al-Kattâni
Source : تيسير مصطلح الحديث de Mahmûd at-Tahhân
Wallâh A’lam (Dieu sait mieux)